Témoignage des distillateurs de la Rivière des Arômes

Jean-François Roussot et Dominique Jégouic

 

Nichée au creux d’un vallon, à Rosans, dans les Hautes Baronnies, la petite exploitation «Rivière des Arômes» existe depuis 2002.

«J’aime bien ce pays, il y a un rythme, il y a le clocher qui sonne toutes les heures, toutes les demi-heures; ça, j’aime bien.»
J.-F. Roussot

J.-F. Roussot
J.-F. Roussot

Formés dans le domaine agricole au CFPPA de Nyons, Jean-François Roussot et Dominique Jégouic ont suivi une formation en aromathérapie auprès de l’Ecole Lyonnaise des Plantes.

 

De par ses origines franche-comtoises, Jean-François a eu un très fort lien à la vigne: «Si je me suis lancé dans les huiles essentielles, c’est certainement parce que j’ai une histoire avec le vin».

 

La cueillette des plantes sauvages d’altitude, dans une région encore bien préservée, leur fournit plus de la moitié de leur production. Sur une surface de 1,5 ha, ils cultivent: Hélichryse, Origan, Menthe poivrée, Thyms, Lavandin, Estragon, Bleuet, Mélisse, Coriandre, Camomille romaine, Géranium rosat, Carotte, Millepertuis... Leur choix s’est porté sur une petite unité de production en cohérence avec leurs valeurs, le métier de cueilleur, producteur et distillateur.

 

Le village de Rosans; au premier plan, les terres de Jean-François.
Le village de Rosans; au premier plan, les terres de Jean-François.

 

Lors de notre visite, le 1er novembre 2010, une distillation des baies/rameaux de Genièvre est en cours. Le Genévrier a été récolté trois semaines auparavant. Avant d’être mis dans la cuve, les rameaux sont broyés.

 

Durant les quelques heures nécessaire à la distillation, nous échangeons nos propos sur la vie...

 

Jean-François: «Pour moi, il est important de travailler dans la souplesse, de se poser la question de sa relation à la terre quand tu travailles. Prendre conscience avec l’outil, que ton poids est en bas, et que tu n'a plus besoin de forcer de façon excessive et encore moins de taper la terre, celle-là même qui nous porte et supporte!»

L’installation de la distillation
L’installation de la distillation

«Quand mon père allait chercher l’herbe pour les vaches le soir, il prenait la faux. Souvent, ce bruit de la faux me revient. C’est un bruit complètement harmonieux. J’étais derrière lui et voyais les andins se coucher.»  Ce mouvement l’avait-il appris ou était-il intégré en lui?

 

«D’ailleurs, ils étaient obligés de le savoir, autrement ils crevaient de faim!» Ils travaillaient avec leur propre force et surtout leur propre énergie.

 

«Et çà, on l’a perdu. Il va falloir le retrouver, car autrement, si on ne le réapprend pas, on ne va pas y arriver. Il faut que l’on ait une relation avec la terre, que l’on soit un avec la terre, il faut qu’il se passe quelque chose de l’ordre de la communion... Le travail de la terre devrait être un art. Il faudrait redonner une forme de noblesse à ces gestes-là.»