Témoignage d'apiculteurs - Le Miel du Vivarais

Anne et Jean-Jacques Canova

 

Notre première rencontre avec Jean-Jacques et Anne Canova date du printemps 1994. Depuis, nous entretenons des contacts réguliers. Pour nous, ils sont la référence absolue d’une apiculture respectueuse de l’homme, de l’abeille et du paysage.

 

«Avec l’exercice gratifiant d’un prélèvement sans violence naît l’émotion d’une participation harmonieuse à la dynamique vitale; un espace nature qui offre la perspective d’un plus ample progrès, où le sentiment d’appartenance sublime l’enjeu: ne plus défendre ce que l’on a mais ce que l’on est... pour écouter encore la ruche en liesse et son souffle scander le chant du monde.»

La maison de Jean-Jacques et Anne, construite sur le modèle d’une ruche
La maison de Jean-Jacques et Anne, construite sur le modèle d’une ruche

Jean-Jacques et Anne Canova habitent le Vivarais depuis 1972 dans le hameau de Rambuols, près de Gluiras, à Saint Sauveur de Montagut, vallée de l’Eyrieux, dans le pays ardéchois.

 

«L’Abeille nous a acclimaté à quelque chose qui était fondamentalement étranger à nous en nous installant ici. Je me rends compte qu’elle nous a montré le chemin inéluctable d’une qualité de vie, qu’elle m’a permis de réaliser mon rêve d’enfance: vivre dans l’autarcie avec ma famille et les abeilles.»


A l’année longue, Jean-Jacques parcourt un territoire de plus de 300 km2 et connaît par coeur le déroulement des saisons, les floraisons, les miellées, la métamorphose de la nature.

 

«Idéologiquement, le sens de mon travail représente une forme de rupture d’avec le cartésianisme, le souci de rentabilité. Plutôt que de chercher à obtenir de façon indue ce que la Nature nous offre spontanément, nous avons essayé de facilité le glissement vers une forme de réconciliation.»

 

«Les abeilles ont connaissance de quelque chose qui ne se marque pas encore dans le paysage. Elles nous préparent à l’avènement d’une nouvelle conscience par leur propre sacrifice.»

 

«L’Abeille est à un niveau d’évolution bien supérieur à nous puisque l’ensemble de sa production est imprégnée par la lumière, le soleil, la chaleur, les couleurs, les parfums. Tout son corps qui a volé dans la lumière, est une offrande qu’elle nous donne. Et nous, l’Homme par notre activité spirituelle, nous allons la rendre à l’esprit, nous sommes la part d’après.»

Le miel, c’est un moyen de ne pas avoir le désespoir de la nuit! Le miel nous aide à vaincre le doute d’aller vers la lumière. Le chemin du miel, ce n’est pas un chemin de pot, c’est tout ce qu’il a fallu réunir comme qualités à l’intérieur de nous.

Les jardins en terrasses et les forêts de Châtaigniers
Les jardins en terrasses et les forêts de Châtaigniers

«Ce sont ces choses-là que je livre au monde sans explication.»

 

«Aujourd’hui je peux me déclarer heureux d’avoir vécu des choses aussi admirables. Le monde, comme il fonctionne, met une grosse pression sur chacun d’entre nous. Comme pour beaucoup de gens, il faut prendre des forces pour supporter l’ordinaire, qui devient de plus en plus dur à vivre. C’est pourquoi, il faut porter les yeux sur des choses admirables aussi souvent que possible.»

 

Au bilan, beaucoup d'éléments positifs qui ont corrigé la situation, un sentiment de facilité, des gestes qui se sont emboîtés les uns dans les autres au cours de la saison: «Je n'avais qu'à regarder et suivre. Cela s'est fait en même temps que la vie passait».

Parti de 400 ruches il y a 40 ans, l'expérience de 2010 a donné à Jean-Jacques et Anne, la taille du rucher futur: un nombre à 130 ruches.  Et depuis peu, Jean-Jacques sait que la relève est assurée. Son fils aîné, avec le statut d’agriculteur, reprendra le rucher, mettant en place un nouveau cheptel d’abeilles noires.

 

«Cela donne du sens à la continuité de ce partenariat avec les abeilles, qui me permet de me retrouver dans la ferveur de mes débuts.»